Invité d’honneur : Patrick Simon (voir biographie)
Animatrice : Andréine Bel
Nombre de participants : 8
Cette quatrième édition des Festins poétique s’est articulée autour de la poésie courte, en prenant pour exemple le tanka japonais.
1 – LA RENCONTRE
Conventions de transcription :
– Les * indiquent le nombre de fois qu’un poème a été lu à voix haute.
– Sont transcrits les poèmes qui ont au moins 1 *.
– Les poèmes élus ont au moins deux **.
– La partie lue par les participants apparaît en gras.
Nous avons élu 5 poèmes parmi les 9 lus à voix haute et les 16 contemplés.
**
Tu bois la vodka
dans l’ombre de tes silences
et pourtant – pourtant
hier même je me taisais
le vol du papillon noir
Patrick Simon
**
Un piment
Ajouter des ailes :
une libellule rouge
Matsuo Bashô, poète japonais à l’orignie du haïku (1644 – 1694)
**
Dans le prunier blanc
la nuit désormais
se change en aube
Buson, poète japonais (1716 – 1783)
**
Vénus s’est levée, escortée par la lune
Je veux dire à mes amies la joie de ma mère
Femme poète du Maharashtra, chant de la meule
**
Dalles de pierre grise
Usées par le soleil
Et nos pieds nus
Bernard Bel
*
Mon cœur bat
Comme une houle
d’hirondelles
Yotsuya Ryû (poète japonais, 1958)
*
Les paupières lourdes
Sur un oreiller d’herbes
Je guette sous les neiges
Le pouls de l’Immortel
Catherine Monce
*
Mots gouttes
dans ce no man’s land
j’ai tellement soif !
Andréine Bel
*
Triste et solitaire
Je suis une herbe flottante
À la racine coupée
Si un courant m’entraîne
Je crois que je le suivrai
Tanka écrit par Ono no Komachi, poétesse japanaise (850)
2 – LE PARTAGE
Présentation de Patrick Simon, par A. Bel
Né en Lorraine, Patrick Simon est un essayiste humaniste, romancier et poète. Vivant tantôt au Québec, tantôt en France, il défend la francophonie et l’internationalité pour la poésie. Il crée la revue du Tanka francophone et fonde sa propre maison d’édition Tanka en 2007.
Action
Patrick Simon nous a fait découvrir le tanka, ancêtre du haïku et proche de la philosophie Shintô. Cette forme poétique née au 8e siècle avec l’écriture japonaise, servait au courrier officiel comme aux mots d’amour.
Le tanka est un poème bref de cinq vers sans rime, de 31 sons : 5, 7, 5, 7, 7. Le rythme impair fait résonner les mouvements intérieurs de l’âme. Les trois premiers vers disent une vérité, une réalité perçue par les sens, et les deux derniers approfondissent le sujet, en disant un ressenti. Le tanka est un poème lyrique, impressionniste et universel.
Écrire un tanka, c’est apprendre à se servir des résonnances et alitérations, c’est donner une couleur au poème. La poésie en tant que parole de vérité.
Exemple tiré de l’Anthologie de tanka japonais modernes, p.111
Editions du Tanka francophone
mata kite-ne
hajimete haha-ga
iu yûbe
botan no yûbe
nige-kaeru kana
“Reviens me voir”
ma mère m’a dit un soir
pour la première fois –
je me sauve
un soir de pivoine.
Chikako Yonekawa, auteure japonaise contemporaine
En reprenant les mots prononcés par sa mère losqu’elle la quitta, l’auteure se culpabilise de ne pas vivre avec elle pour la soulager. Les pivoines japonaises fleurissent en hiver, le froid accentue la tristesse et l’inquiétude de la mère âgée restée seule.
Le haïku est différent du tanka en cela qu’il est plus court (trois vers : 5, 7, 5) et moins personnel.
3 – LA DEGUSTATION
Comme les grands esprits se rencontrent, salades de pois chiche, petits pois, tomates etc., délicieuses.
QUELQUES POINTS
Patrick nous a parlé du Tensaku poétique, initié par Bashô au 17e siècle. Un auteur qui le souhaite soumet au goupe de poètes un poème qu’il a écrit et dont il n’est pas tout à fait satisfait. Chacun va lui donner brièvement quelques impressions et suggestions pour qu’il arrive à le parfaire par lui-même. Ceci dans un but d’apprentissage coopératif. Nous avons évoqué cette possibilité pour une fin de première partie, dès que cela nous semblera adéquat.
Même si nous avons regretté être peu nombreux à ce festin (concours de circonstances et Fêtes de Pâques), la dynamique a été enthousiaste.